Elle émerge dans un jardin luxuriant, mais ce n’est pas l’Éden. Ici, il n’y a ni péché, ni innocence à préserver. Elle est là, simplement, sans héritage, sans poids du passé, sans injonctions. Une silhouette dansante parmi les branches, le regard à la fois curieux et désinvolte. Son environnement est luxuriant, presque idyllique, mais elle ne s’y fond pas docilement – elle l’habite avec insolence.
Sa robe rouge contraste avec le vert profond des feuillages, comme une anomalie dans ce décor primitif. Une touche de passion dans un monde en pleine germination. Ses chaussettes blanches, inattendues, presque enfantines, évoquent l'idée d'une pureté indisciplinée – une icône de l'innocence qui refuse d’être figée dans un rôle. Elle est ingénue, oui, mais insoumise.
Et puis, il y a la pêche. Elle croque dans le fruit comme si elle s’appropriait son propre mythe. Pas une Ève punie pour avoir osé goûter à la connaissance, mais une héroïne qui choisit d’elle-même de s’éveiller au monde. Ici, personne ne lui dicte quoi faire. Elle mord, elle goûte, elle vit.
Mais peut-on être libre sans d’abord être entravé·e ?
À un moment du shooting, un voile s’abat sur son regard. Une ceinture rouge nouée sur ses yeux, attachée à l’arbre derrière elle. Une image qui tranche avec l’insouciance précédente. On la devine ailleurs, entre abandon et résistance, entre mystère et renaissance. Ce n’est plus seulement l’histoire d’une femme libre, mais celle d’un passage, d’une transition. Comme si, pour s’affranchir, il fallait d’abord toucher du doigt l’ombre de la servitude.
"It's like I'm having the most beautiful dream... and the most terrible nightmare, all at once."
("C’est comme si je faisais le plus beau des rêves… et le pire des cauchemars, en même temps.")
Cette réplique de Twin Peaks de David Lynch flottait dans mon esprit au moment de capturer ces images. Le paradoxe entre extase et effroi, liberté et vertige. Une belle métaphore de la vie en quelque sorte.
Et puis, elle ôte son bandeau. Regarde droit dans l’objectif. Et ce n’est plus un mythe que je photographie. C’est une présence, bien réelle.
Ce projet s’inscrit dans mon approche de la photographie de portrait : une invitation à se réinventer, à s’observer sous un nouvel angle, à incarner une facette de soi peut-être encore inexplorée. Chaque séance est unique, car chaque histoire l’est aussi.
🌿 Un immense merci à Silvia, muse de cette série, qui incarne à la perfection cette dualité entre innocence et affranchissement. Son regard, à la fois candide et insoumis, donne vie à cette vision d’une Ève moderne, affranchie de tout mythe originel. Découvrez son univers sur son compte Instagram.
🔎 Si ces images vous inspirent, explorez d’autres séances de portraits artistiques ici.
📖 J’en parle aussi dans mon blog, où j’aborde le pouvoir du portrait comme outil d’exploration de soi.
Que voyez-vous dans ces images ? Un éveil ? Une rébellion ? Une réinterprétation d’un mythe ancien ? Chacun y lira son propre récit – et c’est ce qui rend la photographie si fascinante.